Le long du sentier, Manon s’essaie à capter les fines transitions de lumières, les ressemblances entre nuages et tricot, les différents goûts du thé vert. Elle poursuit les nuances de septembre sur les canaux du nord, la mer du sud, les lacs d’ici. Elle s’amuse à remonter les sources du langage jusqu’à toucher le chant des baleines. Se prenant pour une pieuvre, elle se demande si elle peut, elle aussi, percevoir les couleurs par sa peau.
À force de chercher ses mots, elle s’est mise à comprendre par sa moëlle. A force d’assouplir sa colonne, elle a trouvé ses ailes de dragonne. Plutôt que de cracher du feu, elle espère danser avec, et vous emmener dans la ronde. Quelles sont les questions, la voix, les gestes qui résonnent et pulsent en vous? De quelle texture sont nos masques? Pieds nus dans l’étang, la glaise remonte entre nos orteils. Le vent peut disperser, relier, ou emmêler. L’arbre orange au milieu de la montagne surprend le sang de nos poitrines.